jeudi

Inceste et rôle du père


Statue Mordaza 2009


Suivant la théorie du Complexe d'Oedipe, les positions de la mère et du père ne sont pas équivalentes. Chez Freud, le père est à la fois objet d'identification primaire, pris d'emblée comme idéal. Il apparaît en même temps, du moins pour le petit garçon, comme le rival parce qu'il tente de s'approprier le premier objet d'investissement amoureux, à savoir la mère. Pour la petite fille, cet objet d'amour est le même, mais la conquête oedipienne du père survient ensuite, la mère apparaissant alors comme rivale. On s'aperçoit qu'il y a une différence entre la figure paternelle du mythe oedipien et la personnalité du père de la réalité familiale. Ce père de la réalité familiale est en fait le père réel. Sa place effective au sein de la famille varie suivant les circonstances, en fonction de son histoire personnelle, mais également en référence à ses origines socioculturelles. C'est de ce père réel, ou de son substitut, qu'on attend qu'il fasse valoir la loi symbolique, celle de la prohibition de l'inceste qui limite et ordonne le désir du sujet. Dans la réalité, on constate que le père réel n'est pas toujours à la hauteur exigible du père symbolique. En 1938, dans un article sur la famille (cité dans le Dictionnaire de la psychanalyse, 1993: 200), le complexe, facteur concret de la psychologie familiale, les complexes familiaux en pathologie, Lacan perçoit dans la carence du père, en tant que fonction, «le noyau de la grande névrose contemporaine»; autrement dit, lorsque le père se montre peu consistant dans l'exercice de cette fonction, l'enfant est confronté à «l'impuissance et l'utopie, marraines sinistres installées au berceau du névrosé».

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